Licencier sans casser la productivité : le pari du licenciement bienveillant

Quand le droit et le licenciement bienveillant rencontre la productivité

Dans le débat public, Éric Heyer explique souvent que le coût du travail et l’ajustement par l’emploi influencent directement la productivité.

Sur le papier, la logique est simple : moins de masse salariale = productivité restaurée.

Mais sur le terrain RH, les chiffres ne disent pas tout.

Un licenciement brutal peut ruiner plus de productivité qu’il n’en sauve.

La manière dont on se sépare d’un salarié compte autant, sinon plus, que la décision elle-même.

Et c’est précisément là que le licenciement bienveillant prend tout son sens : un équilibre entre cadre juridique et respect du collectif, de l’individu.

Le licenciement, une réalité incontournable

Ce que dit le droit :

  • Licenciement pour motif personnel (faute, inaptitude, insuffisance professionnelle).
  • Licenciement pour motif économique (PSE, difficultés économiques, mutations technologiques).
  • Procédure encadrée : convocation, entretien préalable, notification écrite, délais légaux.

Ce que vit l’entreprise :

Un licenciement n’est jamais un acte neutre :

  • il envoie un signal au collectif,
  • il laisse une trace dans la culture,
  • il influence l’image employeur.

Les coûts cachés d’un licenciement mal mené

Impact sur les équipes restantes :

Un salarié licencié brutalement crée un climat de peur.

Les collègues se demandent : “Suis-je le prochain ?”

Nous pouvons mesurer la baisse d’engagement, retrait psychologique, erreurs.

Impact sur la productivité :

  • Démotivation immédiate : perte de concentration.
  • Absentéisme : hausse de 10 à 20 % dans les mois qui suivent un licenciement perçu comme injuste (études INRS).
  • Turnover en cascade : un départ subi en entraîne d’autres (effet domino).
  • Impact financier : coût départ + coût remplacement

Ce qui semblait être un gain (réduction de masse salariale) se transforme en perte nette à long terme : baisse de productivité, frais de remplacement, climat social dégradé.

Le licenciement bienveillant : un oxymore utile

Définition :

Ce n’est pas un concept juridique, mais une pratique managériale : respecter le cadre légal tout en plaçant la dignité et la transparence au centre.

Les trois piliers :

  • Transparence → expliquer clairement les raisons, éviter les zones d’ombre.
  • Accompagnement → proposer un reclassement, un outplacement, une formation.
  • Respect → reconnaître les apports passés, remercier, ne pas humilier.

Apport Neurosciences sur le  départ :

Un licenciement respectueux limite l’activation de l’amygdale (stress et peur) et permet au salarié de garder un minimum de projection.

Pour les équipes restantes, cela évite la contagion émotionnelle négative.

Quand le droit se conjugue avec l’humain

Exemple terrain – licenciement économique

Dans une PME de 80 salariés, un PSE a été annoncé.

  • Version 1 : mails froids, annonce collective, aucune écoute, aucune communication→ 40 % des “survivants” ont quitté l’entreprise en deux ans.
  • Version 2  : accompagnement des managers, réunions individuelles, cellule d’écoute, reclassement proposé, assistante sociale → turnover post-PSE limité à 8 %.

Même cadre légal, mais impact radicalement différent sur la productivité.

Les bénéfices concrets du licenciement bienveillant

Préservation du climat social :

Le collectif garde confiance dans la direction.

Fidélisation indirecte :

Les salariés restants se disent : “Ici, on est respecté, même quand ça se passe mal.”

Réputation employeur :

Dans un monde où Glassdoor et LinkedIn amplifient chaque témoignage, un licenciement respectueux devient un atout stratégique.

Productivité maintenue :

Les collaborateurs ne basculent pas dans le désengagement massif, maintiennent un niveau de qualité dans leurs actions

Cas d’école : séparer sans briser

Dans une entreprise de services (250 salariés), un licenciement économique devait supprimer 15 postes.

La direction a choisi la voie bienveillante : explication transparente en plénière, accompagnement individuel, primes de départ négociées, cellule de reconversion.

Résultat : malgré la douleur du moment, l’entreprise a conservé sa dynamique.

Productivité horaire stable, engagement mesuré par sondage interne maintenu.

Paroles de salariés et représentants du personnel :  » c’est plutôt bien fait, bien géré »

Comment mettre en place un licenciement bienveillant ?

Étape 1 : préparer la communication

Expliquer la décision avec pédagogie.

Anticiper les questions et les émotions.

Ecouter et valider les ressentis

Étape 2 : respecter scrupuleusement la procédure

Le droit est une base de confiance. La moindre irrégularité fragilise tout le processus.

Étape 3 : offrir des dispositifs d’accompagnement

Bilan de compétences.

Aide à la reconversion.

Réseau de contacts.

Étape 4 : soigner les équipes restantes

Réunions d’échange pour exprimer les émotions.

Clarification du projet collectif.

Rituels de reconnaissance.

Quand la séparation renforce le collectif

Paradoxalement, un licenciement bienveillant peut renforcer la cohésion.

Pourquoi ?

Parce que la confiance se joue dans les moments difficiles.

Si les salariés voient que la direction agit avec respect et cohérence, ils renforcent leur loyauté.

Licencier, ce n’est pas seulement se séparer

Dans les chiffres d’Éric Heyer, un licenciement est un ajustement économique.

Dans la vie réelle, c’est une onde de choc humaine.

Le licenciement bienveillant n’est pas une utopie : c’est un choix stratégique.

Il préserve la productivité, il protège le collectif, et il honore le droit en lui donnant une dimension humaine.

Guides pratiques pour vous accompagner

 

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