
La mémoire émotionnelle s’imprime dans le cerveau au delà de notre mémoire des mots, de la communication non verbale.
Dans une PME de services, un salarié me disait :
« Je n’ai jamais oublié le jour où mon manager m’a humilié en réunion. Depuis, je fais le strict minimum. »
Cette parole a fait de suite écho à ma propre mémoire émotionnelle : Les remarques « sexistes » dans un codir essentiellement masculin, enceinte, ma remarque venait de mon état, ou la plus incroyable lors de mon premier poste » votre mari gagne bien sa vie chez X, vous n’avez pas besoin d’augmentation » ( après 7 ans de présence et un congé maternité:))
Un autre, dans une ETI, m’a confié :
« Le premier jour, le DG est venu me saluer personnellement. Dix ans plus tard, je m’en souviens encore. »
Moi aussi ! un mot positif, un sourire dans une voiture…
Quels souvenirs vos salariés emportent ils avec eux… et comment influencent ils leur engagement actuel ?
La mémoire émotionnelle, un passager clandestin au travail
Comment les expériences passées façonnent l’engagement
Chaque salarié porte en lui des traces émotionnelles :
- encouragements,
- humiliations,
- réussites partagées,
- échecs mal gérés.
Ces souvenirs influencent sa motivation présente.
Le problème pour les DRH et managers est que cette mémoire émotionnelle peut avoir pris ancrage ailleurs, bien avant…En particulier pendant l’enfance, l’école…
Nous recevons tellement d’impacts négatifs avant de prendre un poste qu’il paraît insurmontable d’effacer cette mémoire émotionnelle.
L’impact des blessures invisibles sur la motivation
Une remarque méprisante peut devenir un frein invisible, même des années après.
Un souvenir positif peut, au contraire, nourrir une loyauté durable.
Témoignages de terrain : « Je n’ai jamais oublié ce manager »
La solution n’est elle pas de réécrire cette mémoire, sachant que le cerveau n’oublie rien, lui !
Quand une expérience négative s’ancre durablement
Une salariée quittait son poste après 5 ans :
« Ce n’est pas le travail. C’est le souvenir de ce premier manager qui m’a brisée. Revivre cette expérience n’est pas possible »
Des traces émotionnelles mal gérées expliquent bien des départs prématurés et alimentent le turnover.
L’importance de la communication, de l’acceptation de l’autre indique au cerveau que quelque chose est différent de l’expérience mémorisée : vous lui permettez de réécrire l’expérience, et cette fois de manière positive.
J’ai conscience que c’est facile à écrire, plus difficile à faire.
Tout dépend de la profondeur de l’empreinte laissée dans la mémoire émotionnelle.
Mais pas impossible !
C’est tout le travail de recadrage à faire. terme barbare pour réécrire l’histoire de l’expérience telle que l’on aurait voulu que cela se passe.
Quand un souvenir positif crée un attachement fort
Un technicien resté 15 ans dans la même entreprise :
« Je me souviens de la fois où mon patron m’a défendu devant un client. J’ai su que j’étais chez moi. »
Je me souviens de salariés qui restaient parce qu’ils étaient bien. Ils appréciaient le cadre, l’ambiance de travail, même s’ils pouvaient trouver un poste facilement ailleurs.
Et vous, quelle empreinte émotionnelle vos managers laissent-ils sur leurs équipes ?
Neurosciences de la mémoire émotionnelle
L’hippocampe et l’amygdale, gardiens des émotions
L’hippocampe enregistre les souvenirs.
L’amygdale colore ces souvenirs d’une charge émotionnelle.
C’est cette combinaison qui rend les expériences marquantes difficiles à oublier ou au contraire procure satisfaction dès que le souvenir est réactivé.
Pourquoi les premières impressions marquent autant
Les neurosciences démontrent que les premières expériences activent fortement l’amygdale.
Elles deviennent des ancres durables, positives ou négatives.
En coaching, j’ai l’habitude de répéter une règle ( non vérifiée scientifiquement) que la première fois c’est l’expérience, la deuxième, une coïncidence, puis la troisième cela devient une règle..
N’avez vous jamais eu ce genre de « règle », véritable loi, lorsque vous avez eu une mauvaise relation avec un(e) certain(e) X, la rencontre avec ce même prénom, vous fait prendre quelques précautions « mémorielles » ?
Et de prononcer : » je m’en doutais avec un prénom comme cela, cela devait arriver 🙂
L’onboarding illustre parfaitement ce phénomène : un premier jour raté crée une empreinte émotionnelle difficile à effacer
Transformer les blocages en leviers de motivation
Recréer des expériences positives pour effacer les traces négatives
De nouvelles expériences positives peuvent « réécrire » la mémoire émotionnelle.
Un manager qui reconnaît, valorise, encourage → contrebalance les blessures passées.
Certes c’est important pour organiser l’environnement extérieur, mais l’action primordiale pour « effacer » la mémoire désagréable est de la réécrire soi-même, telle que l’on aurait voulu que la situation, la relation se passe.
C’est l’exercice de recadrage utilisé en coaching.
Si cette action de ne suffit pas ( respect d’un protocole spécifique), alors d’autres outils permettent de faire émerger les boucles bloquantes.
Non, pas de baguette magique.
Un travail sur soi est nécessaire, une prise de conscience dans un premier temps est déjà un très grand pas.
Puis si on a l’énergie, cela peut être amusant de » jouer » avec son cerveau, sa mémoire émotionnelle 🙂
La vie devient plus simple et joyeuse, pour cette ancrage devenu bloquant.
Parce qu’il n’est pas bloquant, laissez le, non?
Le rôle des rituels et micro victoires
Les rituels collectifs et les succès partagés créent de nouveaux ancrages émotionnels.
Compte tenu de tous les impacts, informations négatifs que notre cerveau reçoit depuis la naissance ( et avant pour les spécialistes de la mémoire générationnelle), nous comprenons aisément que notre tache prioritaire quotidienne est d’accumuler le maximum d’impacts positifs, pour contrebalancer
Manager comme architecte d’émotions collectives
Un manager n’est pas seulement un pilote opérationnel : il est un architecte d’émotions.
Chaque parole peut marquer pour longtemps.
Vos managers sont-ils conscients de l’empreinte émotionnelle qu’ils laissent ?
Tout cela ne veut pas dire que nous vivons dans un monde de bisous nours…
Le cerveau a besoin de cadre, de règles, de timing pour comprendre ce que nous voulons vraiment.
Être bienveillant pour un manager n’empêche pas d’être affirmatif.
Au contraire, la confrontation permet de faire grandir. C’est le positionnement du coach, lui même supervisé, nous sommes tous humains avec nos biais cognitifs, nos jugements, et notre fatigue.
Encadré ROI : mesurer l’impact des émotions sur la performance
Une étude de Harvard Business Review montre que les équipes où les expériences positives sont fréquentes ont :
- +31 % de productivité,
- -37 % d’absentéisme,
- +44 % de fidélité.
Autrement dit : les émotions coûtent ou rapportent directement.
Le réengagement collectif passe aussi par la capacité à recréer des expériences positives pour contrebalancer les traces négatives.
La mémoire émotionnelle, clé cachée de l’engagement durable
La motivation ne dépend pas seulement d’objectifs clairs ou de primes.
Elle dépend aussi des souvenirs émotionnels laissés au fil du temps.
Elle dépend des objectifs individuels, rarement travaillés par les salariés et l’individu en général.
Il n’a tout simplement pas appris à le faire.
La vraie question est : vos équipes se souviendront elles demain de leurs expériences actuelles comme d’un frein… ou comme d’un moteur ?
Et quand la mémoire émotionnelle d’un salarié est trop blessée pour se réparer, un licenciement bienveillant peut clore l’histoire sans détruire le collectif.
Intéressez à confronter nos pratiques ? Prenons un temps pour échanger
